RÉSISTANCE BACTÉRIENNE

RÉSISTANCE BACTÉRIENNE
RÉSISTANCE BACTÉRIENNE

RÉSISTANCE BACTÉRIENNE

L’activité d’un antibiotique sur une souche bactérienne peut être évaluée par une donnée mesurable, caractéristique de la souche, que l’on appelle «concentration minimale inhibitrice» (C.M.I.): c’est la plus faible concentration de l’antibiotique capable d’inhiber, in vitro , la croissance de cette bactérie. Cette donnée permet de définir la résistance bactérienne et a l’avantage de faire intervenir en outre la concentration humorale du médicament obtenue chez le malade. Si la C.M.I. d’une souche est très inférieure à la concentration sanguine et tissulaire obtenue par un traitement antibiotique aux doses usuelles, cette souche est dite sensible; au contraire, si la bactérie peut supporter un taux d’antibiotique nettement supérieur à la concentration réalisée chez le malade, la souche est dite résistante.

Depuis l’utilisation des sulfamides et des antibiotiques, on constate l’apparition d’un nombre sans cesse croissant de souches résistantes, parmi des espèces bactériennes jusque-là sensibles, limitant les possibilités de la thérapeutique. Les travaux consacrés à ce problème ont montré l’existence de deux mécanismes différents dans l’acquisition de la résistance bactérienne.

La résistance chromosomique a été, pendant longtemps, le seul mécanisme connu. Les antibiotiques agissent sur un «point cible» de la cellule bactérienne, qu’il s’agisse de la paroi ou du métabolisme interne. Une mutation de l’ADN du noyau bactérien peut modifier telle ou telle molécule cible d’un antibiotique et provoquer ainsi une résistance héréditaire. Mais cette mutation, fruit du hasard, est indépendante de l’antibiotique, qui joue uniquement un rôle d’agent sélecteur: seuls les mutants résistants peuvent croître en présence de l’antibiotique; il ne s’agit donc pas d’une «accoutumance» progressive du germe au médicament, comme on a pu le croire au début. Ces mutations, comme toutes les autres, sont rares: une pour un milliard de bactéries environ; mais les populations bactériennes sont si vastes qu’il est possible, dans un foyer infesté, de trouver plusieurs mutants résistants. En pratique, cependant, ce phénomène n’explique que 10 p. 100 environ des résistances observées en pathologie infectieuse.

Le rôle principal revient, en fait, à la résistance extra-chromosomique , dont la découverte est beaucoup plus récente. Il existe dans la cellule bactérienne des fragments d’ADN extra-chromosomique, situés en dehors du noyau et capables de se répliquer indépendamment de lui: les épisomes ou plasmides. Ces corpuscules, comme tout ADN, portent une information génétique pouvant coder la synthèse de protéines: dans le cas présent, il s’agit d’enzymes capables de détruire un antibiotique, telles les pénicillinases qui peuvent casser la molécule de pénicilline, la rendant inactive, et qui sont sécrétées par nombre de staphylocoques et de bacilles à Gram négatif. Les plasmides peuvent non seulement se transmettre à la descendance de la bactérie porteuse, mais aussi «infecter» d’autres bactéries, réalisant une sorte de «contagion» de bactérie à bactérie; ce transfert est rendu possible par deux mécanismes génétiques: transduction par un bactériophage et conjugaison. Ces facteurs de résistance transférables expliquent l’accroissement actuel de souches bactériennes multirésistantes; la pression de sélection représentée par l’usage immodéré des antibiotiques contribue à répandre ces souches. En 1972, Chabbert et ses collaborateurs de l’Institut Pasteur de Paris ont proposé une classification de ces facteurs de résistance en se basant sur le fait que certains d’entre eux peuvent coexister deux par deux dans un même germe, alors que dans d’autres cas il y a «exclusion», et un seul des deux facteurs demeure dans la bactérie. Sur la base de cette compatibilité, ces auteurs ont identifié deux groupes au moins de facteurs de résistance. Cette classification permet, d’une part, d’identifier les facteurs de résistance, d’autre part, de connaître leur diffusion dans le monde bactérien.

La victoire apparente des antibiotiques sur les maladies infectieuses n’est que le résultat d’un équilibre entre les résistances bactériennes et l’abondance des médicaments; favorable aujourd’hui, cet équilibre peut être remis en question demain.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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